Arnaud a fait une énorme perf en fin d'année dernière en remportant l'EPT de Prague.
Voici une interview qu'il a donnée à Poker News où il nous explique son parcours, sa rencontre avec Nicolas Levi et la Team Winamax.
Enjoy ;-)
Julien Roman : Pour les gens qui ne te connaissent pas encore, présente-nous un peu ton passé, ton parcours…
Arnaud Mattern : J'ai me suis tout d'abord intéressé à pas mal de jeux en général, des jeux de semi-hasard, où il y a une grande partie de réflexion et une part de chance dont le backgammon. J'ai été formé par Stéphane Kronis, il est situé juste à côté de nous, juste là bas en face (NDLR : il montre un bouquiniste situé le long des quais de la Seine), il est spécialisé dans les jeux. Il vend des livres sur le backgammon (entre autres), il m'a formé à ce jeu. Par la suite, j'ai commencé à rentrer dans le milieu du backgammon avec des tournois hebdomadaires sur Paris et puis j'ai décidé d'avoir une approche un petit peu plus sérieuse, et j'ai donc commencé à jouer les grands tournois internationaux en compagnie de François Tardieu, qui est très probablement le plus grand joueur de backgammon au monde. Cela a été une expérience très enrichissante puisqu'il m'a « pris sous son aile », et on a fait tous les tournois internationaux de backgammon ensemble. Donc, on partageait les hôtels, l'avion, les voyages, les expériences, c'était très sympa. J'ai ensuite fait quelques performances dans le milieu, dont le titre de champion de France. J'ai fait également une place en finale de consolation des championnats du monde à Monaco et j'ai gagné les championnats d'Europe en double consultation (par équipe) avec Yomi Peretz. Et donc, j'ai joué à partir de 2002, pendant deux ans, sur le circuit et j'ai découvert le poker fin 2004.
JR : Donc après le boom du poker…
AM : Voilà, le poker ayant explosé, je pense que si j'avais commencé avant, je serais bien plus riche que ce que je ne suis aujourd'hui, mais je ne vais pas me plaindre (rires). Donc, j'ai pris le truc en cours de route et ensuite j'ai joué à pas mal de variantes différentes. J'ai joué du Limit, du No Limit, des tournois à petits buy-in et à moyens buy-in.
JR : Tu as commencé sur du online ?
AM : Voilà, j'ai fait un peu de live et beaucoup de online. J'ai fait quelques petits résultats mais j'étais malchanceux en général en table finale, donc ça ne m' a pas permis de faire l'écart, mais de monter graduellement. Suite à cela, j'ai commencé très sérieusement à m'intéresser aux Sit & Go et j'ai commencé par des toutes petites limites, des Sit & Go à 20$ sur 4 tables à la fois, de façon très régulière.
JR : Tu en faisais combien à peu près par jour ?
AM : Disons une trentaine ou une quarantaine par jour, des fois une cinquantaine et j'ai augmenté les limites quasiment chaque mois, en passant de 20$ à 30$, puis 55$, 77$ et 100 dollars. Je jouais huit tableaux à la fois, sur deux écrans pour maximiser mon retour sur investissement. A la fin, au bout de 5 ou 6 mois de Sit & Go, je jouais les 200$ et les 500$ sur huit tables. Je me suis aperçu que je plafonnais au niveau de mon gain par heure, et je faisais tout de même plus de 1000 Sit & Go par mois, donc je me suis dit : comment faire pour gagner plus ? Et là, je me suis mis au cash game. Donc j'ai commencé à jouer au cash game 1$/2$, puis 2/4$.
JR : Donc, tu es passé tout de suite au cash game en arrêtant complètement le Sit & Go…
AM : Oui, c'était après 7 mois intensif de Sit & Go. Les sit & Go m'ont permis de construire un bankroll assez confortable pour pouvoir me permettre d'appréhender le cash game. Donc, ça s'est passé de la même manière en cash game (short handed), où j'ai commencé à augmenter de limites tous les mois. J'ai commencé à 1$/2$ et 2$/4$ le premier mois, après je suis passé en 3$/6$ et je gagnais pas mal. Le mois d'après, je jouais en 5$/10$, après je suis passé directement à 10$/20$. Là, je suis resté un peu plus longtemps parce qu'il y avait un écart, car c'est tout de même des caves à 2000$ ! Et puis, le niveau des joueurs était très costaud, donc c'est important d'analyser, de prendre pas mal de recul sur son jeu.
Je suis resté 3 ou 4 mois à 10$/20$ et ensuite je suis passé à 25$/50$, et là ça ne s'est pas super bien passé. J'ai pris une grosse période de « bad run », et je pense que j'ai pas eu beaucoup de chance, je ne jouais pas aussi bien, et je pense que des joueurs me dominaient clairement. Ces joueurs faisaient de meilleurs coups, ils arrivaient mieux à me lire, et ils tiltaient moins. A cette période là, j'ai perdu 120.000$ en un mois et là je me suis dit que ce serait une bonne idée de redescendre de limite, de passer à 10$/20$. J'ai refait mes gammes, j'ai commencé à jouer plus de tournois internationaux à gros buy-in. Ce qui m'a énormément aidé, c'est ma rencontre avec Nicolas Levi, qui est mon acolyte, avec qui je partage mon blog…
JR : Racontes-moi un peu cette rencontre importante…
AM : Quand je l'ai rencontré je jouais déjà au backgammon et au poker. Lui ne jouait encore à rien et il m'a demandé de lui apprendre à jouer au backgammon. Je lui ai appris à jouer et au bout d'un mois il ne comprenait rien, c'était une horreur. Il ne comprenait pas dans quel sens ça tournait, il ne comprenait pas la force des positions, et il m'a ensuite dit : « Bon écoutes, laisse tomber le backgammon, apprends moi à jouer au poker ». Donc, je lui ai donné une dizaine de bouquins et je lui ai donné quelques conseils. Il a commencé à jouer au poker et en 2-3 mois, il est devenu aussi fort que moi. Il a d'ailleurs déposé 10 € sur un compte et il n'a jamais re-déposé par la suite. De ma vie entiere, je n' ai jamais vu quelqu' un progresser aussi vite.
Après 3-4 mois de jeu, il s'est forgé un bankroll, il se rapprochait des limites où je jouais déjà. On a beaucoup joué les Sit & Go ensemble, donc quand on jouait les Sit & Go à 100$ à 200$, on se partageait un peu les tables. On jouait huit tables chacun, mais on ne jouait pas les mêmes tables. En fait, on a joué beaucoup en binôme, c'est-à-dire qu'on a beaucoup réfléchi ensemble, on a progressé exactement dans les mêmes périodes, on a monté les limites ensemble.
A chaque fois qu'il y en avait un qui avait des problèmes ou qui « runnait bad » ou qui faisait des erreurs, l'autre était là pour le soutenir et également pour faire des « contre-expertises» de son jeu. C'est-à-dire, en disant « là, tu joues un peu trop serré » ou « trop loose » ou « là, t'as raté ça » etc. A chaque fois, il y avait l'autre qui était là pour recadrer son partenaire et je trouve que c'est vraiment une aubaine. Moi, j'ai beaucoup appris, lui a beaucoup appris aussi, et ça nous a sorti de beaucoup de coups durs, de situations où on aurait pu tout perdre. Au-delà de l'amitié profonde qui nous lie, je pense qu'on n'en serait pas là aujourd'hui si on n'avait pas travaillé à deux. Il y avait également un partage d'information qui était important, c'est à dire que, quand je trouvais des informations « underground » ou des choses qui sont pas très connues ou des principes intéressants qui sont pas très dévoilés, je les partageais avec lui, il en faisait de même aussi.
JR : C'était en quelque sorte ton associé…
AM : Il l'est toujours aujourd'hui: dans les tournois nous sommes associés, donc sur tous les résultats, on partage les gains et les pertes, ça réduit énormément la variance. Puisqu'à deux, il y en a toujours un qui va faire des résultats. Quelques mois ensuite, j'ai signé avec la Team Winamax avec laquelle je joue les tournois internationaux.
JR : Pour en revenir à cette victoire lors de l'EPT de Prague, quels sont tes premières réactions, avec ce recul de quelques jours ?
AM : C'est assez étonnant parce que pendant 2-3 heures après le heads up, je suis resté assez concentré. Je n'ai pas réussi à exulter complètement parce que le heads up a été très difficile. Ce que je veux dire, c'est que le heads up a duré tellement longtemps et que j'étais tellement derrière…
JR : Parles moi de ce heads up justement…
AM : Donc, au début j'avais 1,4 million et lui 4 millions en chips. Mais je pense que le joueur (NDLR : Gino Alacqua) était un peu plus faible et qu'il faisait des erreurs. Il était plus prévisible, assez « tight », pas très agressif. Et je pense qu'au niveau des montants, il ne faisait pas les bonnes mises pour optimiser ses résultats. Il a touché énormément de jeu pendant les 45-50 minutes du heads up. Donc, moi, j'avais 1,4 millions au début de son rush et j'avais ...1,4 millions après son rush.Donc, j'ai volé beaucoup de petits pots, j'ai pas mal fait de « value bet fins »…
JR : Explique-nous justement cette notion importante du poker…
AM : Le « Value Bet », c'est une mise que tu fais quand tu sais que ton adversaire a moins bien que toi et qu'il va te payer avec une main inférieure. C'est une mise qui a pour but de se faire payer, puisque je me vois supérieur à lui. Le bluff, au contraire, c'est quand tu essayes de faire folder une meilleure main. J'ai fait des value bet assez fins contre ce joueur. Et ce heads up m'a demandé tellement de concentration que pendant les 2-3 heures qui ont suivi la victoire, j'ai eu du mal à sortir de la partie. C'est comme dans un match de tennis, tu restes dedans pendant une bonne heure. Et là, deux heures après, on a commencé à réserver la boîte à Prague, à faire la fête avec une vingtaine de joueurs de poker, j'ai également invité tous les croupiers et les croupières du tournoi, les floors, les amis de la presse…
JR : Et là t'as tout perdu…
AM : (rires...) Voilà… En plus, à Prague, ce qui est sympa, c'est que ça coûte quasiment rien. Donc, on s'est régalé. Et puis je trouve que le staff de Thomas Kremser, le directeur des tournois de l'EPT, vaut vraiment la peine d'être soutenu parce que, non seulement la structure du tournoi est très bonne, mais les croupiers sont aussi efficaces, rapides, ce qui nous permet de jouer énormément de mains. Ca valait le coup de faire une fête avec eux pour les remercier… et durant cette fête, j'ai vraiment eu le temps d'apprécier ce qu'il s'était passé.
Julien Roman : Penses tu que cette victoire à l'EPT de Prague va changer quelque chose dans ta vie ?
AM : Oui, il y a des choses qui ont changé… Le téléphone, par exemple, n'a pas arrêté de sonner et on me demande des cadeaux de noël ! Et cela vient de gens que j'ai pas vu depuis longtemps (rires)…Ce qui était marrant justement, c'est quand j'étais à Londres avec Nicolas Levi à mon retour, on va dans un centre commercial, je suis au rayon « caleçon », j'y vais pour m'acheter un caleçon, et là il y a un mec qui arrive, qui me regarde et qui dit « excusez moi, vous êtes pas le mec qui à gagné Prague ? » (rires), et là évidemment ça m'a fait marré parce qu'on ne m'avait jamais reconnu dans la rue pour quoique ce soit…
JR : C'est la retombée du succès, tout cela à partir d'une histoire de caleçon…
AM : (Il éclate de rire…) Donc j'ai trouvé ça assez hallucinant, et il me disait « oui, je suis français j'ai suivi ça sur Winamax, merci, on a vibré, c'était comme une finale de foot » et il est parti... C'est là que j'ai vu toute l'ampleur de ce que j'ai fait…
JR : Quels sont les nouveaux objectifs que tu t'es fixé?
AM : Je crois que je vais rester « poser », je vais pas m'enflammer, je vais sûrement jouer des limites un petit plus élevées et je pense pas que ça va changer grand-chose pour l'instant à ma vie. La seule chose que je trouve vraiment sympa, c'es qu'il y a un gros écart entre faire 1er ou 2ème…
JR : Tu parles en termes de prix ?
AM : Je ne parle pas d'argent, mais au niveau de l'accomplissement et de la satisfaction finale. C'est comme un aboutissement, dans la mesure où on retient plus souvent les premiers que les deuxièmes. Je suis content que ça se soit bien passé parce que j'aurai pu finir deuxième, et là, j'aurais eu une grosse déception. Je sais ce que c'est de finir deuxième, donc là ça fait plaisir d'avoir remporter un évènement important. C'est quelque chose qui va rester toute ma vie…Le fait d'avoir terminé premier c'est vraiment magnifique.
JR : Quel est dorénavant ton nouvel objectif ? De confirmer ? Ou de viser plus haut ?
AM : Déjà, je vais faire tous les EPT, je compte bien essayer de faire un back-to back quelquepart, au moins une table finale. Je serais présent également aux WSOP. Je vais probablement me concentrer sur les évènements à gros buy-in. Je crois qu'il y a 5 ou 6 évènements à 10 000$, et je pense pas que je donnerais énormément d'énergie dans les évènements à faible buy-in où il faut avoir de la chance dès le départ. Alors, que dans les évènements à gros buy-in, grace a la structure, on peut vraiment jouer.
JR : D'ailleurs, tu les as faits l'année dernière ?
AM : J'étais arrivé dans les gros tapis. Je suis monté à 100 000 le premier jour, je suis revenu le deuxième jour, et j'ai eu une table assez difficile car à ma gauche il y avait Darell Dicken, plus connu sous le nom de « Gigabet », donc je savais qu'il allait falloir se battre, qu'il n'allait pas lâcher l'affaire, et que moi non plus… Soit je me laisse faire, soit je lui fais comprendre qu'il n'est pas le patron…
JR : Mais tu n'as pas fait la même stratégie face à Chris Kjondal à la table finale de l'EPT…
AM : Non, j'ai évité la confrontation avec lui… je savais que Lauttmann et Kjondal allaient contre-attaquer. J'ai d'ailleurs perdu un coin-flip avec une paire de dix contre K-Q, au niveau psychologique, j'ai perdu un peu d'image.Puis, sur un coup ou je raise au bouton, Lauttmann re-raise et je call, tombe un flop Q-10-9 avec deux carreaux, là il check et je fais une mise ridicule de 90 000 dans un pot de plus de 500 000 et là il passe…
JR : Et toi t'avais quoi ?
AM : Euh, là j'avais rien…Et dans ce coup, je reprend de l'image. C'est un move important à ce moment là puisque ça montre que je ne vais pas me laisser faire. C'est important à un moment de refaire l'écart. Certes, ils ont la position mais il faut y aller, il faut jouer le coup à fond, et reprendre le contrôle de la table.
JR : Souvent dans ce genre d'évènement il y a une part de chance, quelle est selon toi, cette part de chance ?
AM : Sur un tournoi, c'est très compliqué à définir parce que la chance est énormément présente. Tout ce que tu peux faire c'est de prendre les bonnes décision et de prier pour que ça tienne. J'ai eu la chance de tomber sur des tables où les joueurs n'étaient pas forcément des fines lames, grâce auxquels j'ai bénéficié de pas mal de « livraisons » …
JR : Dont ce fameux joueur espagnol, Sevilla…
AM : Tout à fait, je lui ai pris pas mal de jetons car il faisait pas mal d'erreurs, il était impatient, donc oui, là c'est de la chance d'être à une table où les joueurs font un peu n'importe quoi.
JR : Tournons un peu la page de l'EPT et revenons un peu sur le style de vie que tu as choisi, dont ton installation à Londres…
AM : En fait, Nicolas Levi habite à Londres, je trouvais assez sympa d'habiter dans une grande ville européenne, je repasse souvent à Paris pour voir les amis, mais j'ai pas mal d'amis à Londres et c'est sympa là bas, on va à la gym ensemble…
JR : Justement, quel est ta préparation physique pour ce genre de tournoi ?
AM : Je fais un petit peu plus de sport, j'essaye d'en faire trois à quatre fois par semaine quand je peux, et là je fais de la musculation pour le dos, ça se voit pas encore (rires) mais j'espère que ça viendra bientôt…Je fais de la gym, du cardio, du vélo, un petit peu de tout pour avoir une bonne tenue de table et pouvoir encaisser des journées de 8 heures, 10 heures de poker.
JR : T'as jamais pensé partir t'installer à Las Vegas ?
AM : Non, j'ai d'excellents amis à Las Vegas, mais je préfère l'Europe, j'aime beaucoup le style européen. Donc, pour l'instant je vais rester sur Londres…
JR : Tu joues dans un casino londonien ?
AM : Très très rarement, je joue plutôt online et lors de cash game…
JR : Et ton prochain évènement, ce sera l'EPT aux Bahamas ?
AM : Voilà, donc à Paradis Island. C'est super sympa, c'est le seul tournoi où si tu sautes, t'es content quand même, tu vas à la plage, tu fais du jet ski et tu prends des massages… Dans les deux cas t'es content…Table finale ou pas table finale, t'es content…C'est magnifique (rires).
JR : Et as-tu entendu parler de la « Poker Academy » ?
AM : oui…
JR : Et Qu'est ce que tu en penses ?
AM : Il est difficile d'en parler avant de savoir comment ça va être, quel sera le contenu, les joueurs qui seront dedans… Ce qui serait vraiment sympa c'est qu'il y ait deux ou trois têtes connues qui émergent et deviennent des "stars" du poker… De toute façon, tout ce qui parle du poker, de près ou de loin, c'est quelque chose de bien, ça crée un buzz, les gens s'y intéressent…
JR : Abordons maintenant une question stratégie avec toi. Imagines que tu es dans un tournoi et que tu touches AK, tu fais une relance classique à 3 fois la BB et tu trouves un payeur. Tombes au flop A – 7 – 4… et tu touches la top paire avec le kicker max. Comment arrives-tu à te sortir d'une situation où ton adversaire a touché un brelan de 4 invisible ?
AM : En fait, c'est une question que l'on peut pas résumer en deux phrases. C'est un ensemble de plusieurs paramètres, comme le type de joueur en face, la profondeur des tapis… Maintenant, si j'ai 200bb, c'est très difficile que je perde mon tapis sur un flop A-9-4, dans le doute… je passe… et la je perd pas beaucoup, disons 20bb, mais je vais protéger mon tapis. Ca dépend du joueur que j'ai en face…
JR : Si c'est Sevilla, tu fonces…
AM : Si c'est Sevilla, je paye dix fois, cent fois même…(rires)
JR : Quelle est d'ailleurs ta main préférée…
AM : En général, j'aime bien 6-9 assortis…à cœur si possible (rires), contrairement à AK qu'on appelle big slick, là c'est « Big lick » pour des raisons que l'on expliquera pas… (rires)…
JR : Et ton joueur préféré ?
AM : Je ne vais pas être original, mais j'aime beaucoup Phil Ivey parce qu'il a une bonne prestance, il contrôle très bien ses émotions et il ne tilt jamais. Je pense qu'il a énormément de qualités par rapport aux autres joueurs. Et autre joueur que j'aime bien, c'est Patrik Antonius, il est impressionnant. Quand il est à une table, il dégage quelque chose de fort, on sait déjà qu'il ne va pas faire beaucoup d'erreurs.
JR : Parles nous un peu de ta team, la Team Winamax.
AM : Je suis vraiment très honoré d'avoir intégré la Team Winamax parce qu'il y a des joueurs exceptionnels et une ambiance particulière. On se déplace, on fait la fête, il y a vraiment une bonne atmosphère. En plus de cela, on fait souvent des brainstorming, tout le monde parle de poker et chacun à sa spécialité. Par exemple Guillaume De la Gorce alias "Johny001"qui est bon surtout en heads up, Ludovic « cuts » Lacay qui est fort en tournoi, « tall » (NDLR : Antony Roux) qui lui est bon en cash game short-handed, j' arrete la liste...On entend des points de vue differents. Dans la Team, on s'encourage, ça fait vraiment une émulation, c'est très enrichissant. Je suis content d'avoir intégré la team Winamax.On enregistre également des vidéos coaching proposées on-line, et j' admets que j apprends autant moi meme à les enregistrer, que les gens à les regarder!...
JR : Tu tiens également un blog avec Nicolas Levi…
AM : Oui, effectivement, on tient tous les 2 un blog en permanence, ( www.teamrobusto.com), on raconte les voyages, les tournois, on analyse des mains, on met les photos sympas etc. Toutes les critiques et avis sont les bienvenus!
Fin de l'interview
Voici une interview qu'il a donnée à Poker News où il nous explique son parcours, sa rencontre avec Nicolas Levi et la Team Winamax.
Enjoy ;-)
Julien Roman : Pour les gens qui ne te connaissent pas encore, présente-nous un peu ton passé, ton parcours…
Arnaud Mattern : J'ai me suis tout d'abord intéressé à pas mal de jeux en général, des jeux de semi-hasard, où il y a une grande partie de réflexion et une part de chance dont le backgammon. J'ai été formé par Stéphane Kronis, il est situé juste à côté de nous, juste là bas en face (NDLR : il montre un bouquiniste situé le long des quais de la Seine), il est spécialisé dans les jeux. Il vend des livres sur le backgammon (entre autres), il m'a formé à ce jeu. Par la suite, j'ai commencé à rentrer dans le milieu du backgammon avec des tournois hebdomadaires sur Paris et puis j'ai décidé d'avoir une approche un petit peu plus sérieuse, et j'ai donc commencé à jouer les grands tournois internationaux en compagnie de François Tardieu, qui est très probablement le plus grand joueur de backgammon au monde. Cela a été une expérience très enrichissante puisqu'il m'a « pris sous son aile », et on a fait tous les tournois internationaux de backgammon ensemble. Donc, on partageait les hôtels, l'avion, les voyages, les expériences, c'était très sympa. J'ai ensuite fait quelques performances dans le milieu, dont le titre de champion de France. J'ai fait également une place en finale de consolation des championnats du monde à Monaco et j'ai gagné les championnats d'Europe en double consultation (par équipe) avec Yomi Peretz. Et donc, j'ai joué à partir de 2002, pendant deux ans, sur le circuit et j'ai découvert le poker fin 2004.
JR : Donc après le boom du poker…
AM : Voilà, le poker ayant explosé, je pense que si j'avais commencé avant, je serais bien plus riche que ce que je ne suis aujourd'hui, mais je ne vais pas me plaindre (rires). Donc, j'ai pris le truc en cours de route et ensuite j'ai joué à pas mal de variantes différentes. J'ai joué du Limit, du No Limit, des tournois à petits buy-in et à moyens buy-in.
JR : Tu as commencé sur du online ?
AM : Voilà, j'ai fait un peu de live et beaucoup de online. J'ai fait quelques petits résultats mais j'étais malchanceux en général en table finale, donc ça ne m' a pas permis de faire l'écart, mais de monter graduellement. Suite à cela, j'ai commencé très sérieusement à m'intéresser aux Sit & Go et j'ai commencé par des toutes petites limites, des Sit & Go à 20$ sur 4 tables à la fois, de façon très régulière.
JR : Tu en faisais combien à peu près par jour ?
AM : Disons une trentaine ou une quarantaine par jour, des fois une cinquantaine et j'ai augmenté les limites quasiment chaque mois, en passant de 20$ à 30$, puis 55$, 77$ et 100 dollars. Je jouais huit tableaux à la fois, sur deux écrans pour maximiser mon retour sur investissement. A la fin, au bout de 5 ou 6 mois de Sit & Go, je jouais les 200$ et les 500$ sur huit tables. Je me suis aperçu que je plafonnais au niveau de mon gain par heure, et je faisais tout de même plus de 1000 Sit & Go par mois, donc je me suis dit : comment faire pour gagner plus ? Et là, je me suis mis au cash game. Donc j'ai commencé à jouer au cash game 1$/2$, puis 2/4$.
JR : Donc, tu es passé tout de suite au cash game en arrêtant complètement le Sit & Go…
AM : Oui, c'était après 7 mois intensif de Sit & Go. Les sit & Go m'ont permis de construire un bankroll assez confortable pour pouvoir me permettre d'appréhender le cash game. Donc, ça s'est passé de la même manière en cash game (short handed), où j'ai commencé à augmenter de limites tous les mois. J'ai commencé à 1$/2$ et 2$/4$ le premier mois, après je suis passé en 3$/6$ et je gagnais pas mal. Le mois d'après, je jouais en 5$/10$, après je suis passé directement à 10$/20$. Là, je suis resté un peu plus longtemps parce qu'il y avait un écart, car c'est tout de même des caves à 2000$ ! Et puis, le niveau des joueurs était très costaud, donc c'est important d'analyser, de prendre pas mal de recul sur son jeu.
Je suis resté 3 ou 4 mois à 10$/20$ et ensuite je suis passé à 25$/50$, et là ça ne s'est pas super bien passé. J'ai pris une grosse période de « bad run », et je pense que j'ai pas eu beaucoup de chance, je ne jouais pas aussi bien, et je pense que des joueurs me dominaient clairement. Ces joueurs faisaient de meilleurs coups, ils arrivaient mieux à me lire, et ils tiltaient moins. A cette période là, j'ai perdu 120.000$ en un mois et là je me suis dit que ce serait une bonne idée de redescendre de limite, de passer à 10$/20$. J'ai refait mes gammes, j'ai commencé à jouer plus de tournois internationaux à gros buy-in. Ce qui m'a énormément aidé, c'est ma rencontre avec Nicolas Levi, qui est mon acolyte, avec qui je partage mon blog…
JR : Racontes-moi un peu cette rencontre importante…
AM : Quand je l'ai rencontré je jouais déjà au backgammon et au poker. Lui ne jouait encore à rien et il m'a demandé de lui apprendre à jouer au backgammon. Je lui ai appris à jouer et au bout d'un mois il ne comprenait rien, c'était une horreur. Il ne comprenait pas dans quel sens ça tournait, il ne comprenait pas la force des positions, et il m'a ensuite dit : « Bon écoutes, laisse tomber le backgammon, apprends moi à jouer au poker ». Donc, je lui ai donné une dizaine de bouquins et je lui ai donné quelques conseils. Il a commencé à jouer au poker et en 2-3 mois, il est devenu aussi fort que moi. Il a d'ailleurs déposé 10 € sur un compte et il n'a jamais re-déposé par la suite. De ma vie entiere, je n' ai jamais vu quelqu' un progresser aussi vite.
Après 3-4 mois de jeu, il s'est forgé un bankroll, il se rapprochait des limites où je jouais déjà. On a beaucoup joué les Sit & Go ensemble, donc quand on jouait les Sit & Go à 100$ à 200$, on se partageait un peu les tables. On jouait huit tables chacun, mais on ne jouait pas les mêmes tables. En fait, on a joué beaucoup en binôme, c'est-à-dire qu'on a beaucoup réfléchi ensemble, on a progressé exactement dans les mêmes périodes, on a monté les limites ensemble.
A chaque fois qu'il y en avait un qui avait des problèmes ou qui « runnait bad » ou qui faisait des erreurs, l'autre était là pour le soutenir et également pour faire des « contre-expertises» de son jeu. C'est-à-dire, en disant « là, tu joues un peu trop serré » ou « trop loose » ou « là, t'as raté ça » etc. A chaque fois, il y avait l'autre qui était là pour recadrer son partenaire et je trouve que c'est vraiment une aubaine. Moi, j'ai beaucoup appris, lui a beaucoup appris aussi, et ça nous a sorti de beaucoup de coups durs, de situations où on aurait pu tout perdre. Au-delà de l'amitié profonde qui nous lie, je pense qu'on n'en serait pas là aujourd'hui si on n'avait pas travaillé à deux. Il y avait également un partage d'information qui était important, c'est à dire que, quand je trouvais des informations « underground » ou des choses qui sont pas très connues ou des principes intéressants qui sont pas très dévoilés, je les partageais avec lui, il en faisait de même aussi.
JR : C'était en quelque sorte ton associé…
AM : Il l'est toujours aujourd'hui: dans les tournois nous sommes associés, donc sur tous les résultats, on partage les gains et les pertes, ça réduit énormément la variance. Puisqu'à deux, il y en a toujours un qui va faire des résultats. Quelques mois ensuite, j'ai signé avec la Team Winamax avec laquelle je joue les tournois internationaux.
JR : Pour en revenir à cette victoire lors de l'EPT de Prague, quels sont tes premières réactions, avec ce recul de quelques jours ?
AM : C'est assez étonnant parce que pendant 2-3 heures après le heads up, je suis resté assez concentré. Je n'ai pas réussi à exulter complètement parce que le heads up a été très difficile. Ce que je veux dire, c'est que le heads up a duré tellement longtemps et que j'étais tellement derrière…
JR : Parles moi de ce heads up justement…
AM : Donc, au début j'avais 1,4 million et lui 4 millions en chips. Mais je pense que le joueur (NDLR : Gino Alacqua) était un peu plus faible et qu'il faisait des erreurs. Il était plus prévisible, assez « tight », pas très agressif. Et je pense qu'au niveau des montants, il ne faisait pas les bonnes mises pour optimiser ses résultats. Il a touché énormément de jeu pendant les 45-50 minutes du heads up. Donc, moi, j'avais 1,4 millions au début de son rush et j'avais ...1,4 millions après son rush.Donc, j'ai volé beaucoup de petits pots, j'ai pas mal fait de « value bet fins »…
JR : Explique-nous justement cette notion importante du poker…
AM : Le « Value Bet », c'est une mise que tu fais quand tu sais que ton adversaire a moins bien que toi et qu'il va te payer avec une main inférieure. C'est une mise qui a pour but de se faire payer, puisque je me vois supérieur à lui. Le bluff, au contraire, c'est quand tu essayes de faire folder une meilleure main. J'ai fait des value bet assez fins contre ce joueur. Et ce heads up m'a demandé tellement de concentration que pendant les 2-3 heures qui ont suivi la victoire, j'ai eu du mal à sortir de la partie. C'est comme dans un match de tennis, tu restes dedans pendant une bonne heure. Et là, deux heures après, on a commencé à réserver la boîte à Prague, à faire la fête avec une vingtaine de joueurs de poker, j'ai également invité tous les croupiers et les croupières du tournoi, les floors, les amis de la presse…
JR : Et là t'as tout perdu…
AM : (rires...) Voilà… En plus, à Prague, ce qui est sympa, c'est que ça coûte quasiment rien. Donc, on s'est régalé. Et puis je trouve que le staff de Thomas Kremser, le directeur des tournois de l'EPT, vaut vraiment la peine d'être soutenu parce que, non seulement la structure du tournoi est très bonne, mais les croupiers sont aussi efficaces, rapides, ce qui nous permet de jouer énormément de mains. Ca valait le coup de faire une fête avec eux pour les remercier… et durant cette fête, j'ai vraiment eu le temps d'apprécier ce qu'il s'était passé.
Julien Roman : Penses tu que cette victoire à l'EPT de Prague va changer quelque chose dans ta vie ?
AM : Oui, il y a des choses qui ont changé… Le téléphone, par exemple, n'a pas arrêté de sonner et on me demande des cadeaux de noël ! Et cela vient de gens que j'ai pas vu depuis longtemps (rires)…Ce qui était marrant justement, c'est quand j'étais à Londres avec Nicolas Levi à mon retour, on va dans un centre commercial, je suis au rayon « caleçon », j'y vais pour m'acheter un caleçon, et là il y a un mec qui arrive, qui me regarde et qui dit « excusez moi, vous êtes pas le mec qui à gagné Prague ? » (rires), et là évidemment ça m'a fait marré parce qu'on ne m'avait jamais reconnu dans la rue pour quoique ce soit…
JR : C'est la retombée du succès, tout cela à partir d'une histoire de caleçon…
AM : (Il éclate de rire…) Donc j'ai trouvé ça assez hallucinant, et il me disait « oui, je suis français j'ai suivi ça sur Winamax, merci, on a vibré, c'était comme une finale de foot » et il est parti... C'est là que j'ai vu toute l'ampleur de ce que j'ai fait…
JR : Quels sont les nouveaux objectifs que tu t'es fixé?
AM : Je crois que je vais rester « poser », je vais pas m'enflammer, je vais sûrement jouer des limites un petit plus élevées et je pense pas que ça va changer grand-chose pour l'instant à ma vie. La seule chose que je trouve vraiment sympa, c'es qu'il y a un gros écart entre faire 1er ou 2ème…
JR : Tu parles en termes de prix ?
AM : Je ne parle pas d'argent, mais au niveau de l'accomplissement et de la satisfaction finale. C'est comme un aboutissement, dans la mesure où on retient plus souvent les premiers que les deuxièmes. Je suis content que ça se soit bien passé parce que j'aurai pu finir deuxième, et là, j'aurais eu une grosse déception. Je sais ce que c'est de finir deuxième, donc là ça fait plaisir d'avoir remporter un évènement important. C'est quelque chose qui va rester toute ma vie…Le fait d'avoir terminé premier c'est vraiment magnifique.
JR : Quel est dorénavant ton nouvel objectif ? De confirmer ? Ou de viser plus haut ?
AM : Déjà, je vais faire tous les EPT, je compte bien essayer de faire un back-to back quelquepart, au moins une table finale. Je serais présent également aux WSOP. Je vais probablement me concentrer sur les évènements à gros buy-in. Je crois qu'il y a 5 ou 6 évènements à 10 000$, et je pense pas que je donnerais énormément d'énergie dans les évènements à faible buy-in où il faut avoir de la chance dès le départ. Alors, que dans les évènements à gros buy-in, grace a la structure, on peut vraiment jouer.
JR : D'ailleurs, tu les as faits l'année dernière ?
AM : J'étais arrivé dans les gros tapis. Je suis monté à 100 000 le premier jour, je suis revenu le deuxième jour, et j'ai eu une table assez difficile car à ma gauche il y avait Darell Dicken, plus connu sous le nom de « Gigabet », donc je savais qu'il allait falloir se battre, qu'il n'allait pas lâcher l'affaire, et que moi non plus… Soit je me laisse faire, soit je lui fais comprendre qu'il n'est pas le patron…
JR : Mais tu n'as pas fait la même stratégie face à Chris Kjondal à la table finale de l'EPT…
AM : Non, j'ai évité la confrontation avec lui… je savais que Lauttmann et Kjondal allaient contre-attaquer. J'ai d'ailleurs perdu un coin-flip avec une paire de dix contre K-Q, au niveau psychologique, j'ai perdu un peu d'image.Puis, sur un coup ou je raise au bouton, Lauttmann re-raise et je call, tombe un flop Q-10-9 avec deux carreaux, là il check et je fais une mise ridicule de 90 000 dans un pot de plus de 500 000 et là il passe…
JR : Et toi t'avais quoi ?
AM : Euh, là j'avais rien…Et dans ce coup, je reprend de l'image. C'est un move important à ce moment là puisque ça montre que je ne vais pas me laisser faire. C'est important à un moment de refaire l'écart. Certes, ils ont la position mais il faut y aller, il faut jouer le coup à fond, et reprendre le contrôle de la table.
JR : Souvent dans ce genre d'évènement il y a une part de chance, quelle est selon toi, cette part de chance ?
AM : Sur un tournoi, c'est très compliqué à définir parce que la chance est énormément présente. Tout ce que tu peux faire c'est de prendre les bonnes décision et de prier pour que ça tienne. J'ai eu la chance de tomber sur des tables où les joueurs n'étaient pas forcément des fines lames, grâce auxquels j'ai bénéficié de pas mal de « livraisons » …
JR : Dont ce fameux joueur espagnol, Sevilla…
AM : Tout à fait, je lui ai pris pas mal de jetons car il faisait pas mal d'erreurs, il était impatient, donc oui, là c'est de la chance d'être à une table où les joueurs font un peu n'importe quoi.
JR : Tournons un peu la page de l'EPT et revenons un peu sur le style de vie que tu as choisi, dont ton installation à Londres…
AM : En fait, Nicolas Levi habite à Londres, je trouvais assez sympa d'habiter dans une grande ville européenne, je repasse souvent à Paris pour voir les amis, mais j'ai pas mal d'amis à Londres et c'est sympa là bas, on va à la gym ensemble…
JR : Justement, quel est ta préparation physique pour ce genre de tournoi ?
AM : Je fais un petit peu plus de sport, j'essaye d'en faire trois à quatre fois par semaine quand je peux, et là je fais de la musculation pour le dos, ça se voit pas encore (rires) mais j'espère que ça viendra bientôt…Je fais de la gym, du cardio, du vélo, un petit peu de tout pour avoir une bonne tenue de table et pouvoir encaisser des journées de 8 heures, 10 heures de poker.
JR : T'as jamais pensé partir t'installer à Las Vegas ?
AM : Non, j'ai d'excellents amis à Las Vegas, mais je préfère l'Europe, j'aime beaucoup le style européen. Donc, pour l'instant je vais rester sur Londres…
JR : Tu joues dans un casino londonien ?
AM : Très très rarement, je joue plutôt online et lors de cash game…
JR : Et ton prochain évènement, ce sera l'EPT aux Bahamas ?
AM : Voilà, donc à Paradis Island. C'est super sympa, c'est le seul tournoi où si tu sautes, t'es content quand même, tu vas à la plage, tu fais du jet ski et tu prends des massages… Dans les deux cas t'es content…Table finale ou pas table finale, t'es content…C'est magnifique (rires).
JR : Et as-tu entendu parler de la « Poker Academy » ?
AM : oui…
JR : Et Qu'est ce que tu en penses ?
AM : Il est difficile d'en parler avant de savoir comment ça va être, quel sera le contenu, les joueurs qui seront dedans… Ce qui serait vraiment sympa c'est qu'il y ait deux ou trois têtes connues qui émergent et deviennent des "stars" du poker… De toute façon, tout ce qui parle du poker, de près ou de loin, c'est quelque chose de bien, ça crée un buzz, les gens s'y intéressent…
JR : Abordons maintenant une question stratégie avec toi. Imagines que tu es dans un tournoi et que tu touches AK, tu fais une relance classique à 3 fois la BB et tu trouves un payeur. Tombes au flop A – 7 – 4… et tu touches la top paire avec le kicker max. Comment arrives-tu à te sortir d'une situation où ton adversaire a touché un brelan de 4 invisible ?
AM : En fait, c'est une question que l'on peut pas résumer en deux phrases. C'est un ensemble de plusieurs paramètres, comme le type de joueur en face, la profondeur des tapis… Maintenant, si j'ai 200bb, c'est très difficile que je perde mon tapis sur un flop A-9-4, dans le doute… je passe… et la je perd pas beaucoup, disons 20bb, mais je vais protéger mon tapis. Ca dépend du joueur que j'ai en face…
JR : Si c'est Sevilla, tu fonces…
AM : Si c'est Sevilla, je paye dix fois, cent fois même…(rires)
JR : Quelle est d'ailleurs ta main préférée…
AM : En général, j'aime bien 6-9 assortis…à cœur si possible (rires), contrairement à AK qu'on appelle big slick, là c'est « Big lick » pour des raisons que l'on expliquera pas… (rires)…
JR : Et ton joueur préféré ?
AM : Je ne vais pas être original, mais j'aime beaucoup Phil Ivey parce qu'il a une bonne prestance, il contrôle très bien ses émotions et il ne tilt jamais. Je pense qu'il a énormément de qualités par rapport aux autres joueurs. Et autre joueur que j'aime bien, c'est Patrik Antonius, il est impressionnant. Quand il est à une table, il dégage quelque chose de fort, on sait déjà qu'il ne va pas faire beaucoup d'erreurs.
JR : Parles nous un peu de ta team, la Team Winamax.
AM : Je suis vraiment très honoré d'avoir intégré la Team Winamax parce qu'il y a des joueurs exceptionnels et une ambiance particulière. On se déplace, on fait la fête, il y a vraiment une bonne atmosphère. En plus de cela, on fait souvent des brainstorming, tout le monde parle de poker et chacun à sa spécialité. Par exemple Guillaume De la Gorce alias "Johny001"qui est bon surtout en heads up, Ludovic « cuts » Lacay qui est fort en tournoi, « tall » (NDLR : Antony Roux) qui lui est bon en cash game short-handed, j' arrete la liste...On entend des points de vue differents. Dans la Team, on s'encourage, ça fait vraiment une émulation, c'est très enrichissant. Je suis content d'avoir intégré la team Winamax.On enregistre également des vidéos coaching proposées on-line, et j' admets que j apprends autant moi meme à les enregistrer, que les gens à les regarder!...
JR : Tu tiens également un blog avec Nicolas Levi…
AM : Oui, effectivement, on tient tous les 2 un blog en permanence, ( www.teamrobusto.com), on raconte les voyages, les tournois, on analyse des mains, on met les photos sympas etc. Toutes les critiques et avis sont les bienvenus!
Fin de l'interview
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