David Slansky est le premier auteur que je conseille pour tout joueur désireux d’aborder le poker de tournois. Slansky apporte une vision simple et épurée des concepts de base du poker de tournois. Certes, il propose un jeu serré et conservateur, mais c’est un jeu qui permet d’éviter de jouer des mains marginales (à problème) qui demandent beaucoup d’expérience et une très bonne lecture.
Je vais tacher de vous décrire ces différents concepts qu’il aborde en y apportant ma vision et mon expérience de joueur amateur.
1 – Plus de jetons c’est la sortie du tournoi.
Ce concept est à double tranchant. Si vous n’avez plus de jetons vous êtes mort ! C’est cruel mais à l’inverse des parties d’argent, la moindre erreur coûte très cher. Il n’est pas possible de racheter des jetons.
Cela implique d’éviter de « caller » avec des mains marginales, de « caller » dans des situations de pile ou face (à moins d’en être contraint par la montée des blinds) ou encore de « caller » avec des côtes justes suffisantes.
Mais ce concept implique également que vos adversaires vont jouer plus serré, et tout particulièrement les joueurs avec un tapis moyen, où la moindre erreur peut les mettre dans une situation délicate (« Short stack »).
Le phénomène de la bulle est à prendre en compte également. C’est le fait que les joueurs se mettent à resserrer leur jeu dès que l’on s’approche des places payées. Personnellement, je joue très « tight » à l’approche des places payées si j’ai autour de 10 à 15 Big Blind (BB). A l’inverse si j’ai plus de 20 BB, j’en profite pour faire des petites relances (2 à 3 BB) pré flop pour voler des pots et profiter des petits et moyens tapis qui vont forcément attendre une grosse main pour tout envoyer.
2 – Le Gap Concept
Le Gap concept à pour principe qu’il faut une meilleure main pour « caller » que pour miser. Ce concept est tout bonnement le meilleur conseil que l’on puisse donner selon moi à un joueur de poker de tournois débutant.
Comment je l’applique personnellement : cela consiste à mixer les critères de position standard et le fait d’être le premier à miser. Il faut distinguer plusieurs configurations : si l’on est confortable en tapis ou si l’on est « short stack ».
Si je suis confortable en tapis, je peux me permettre de jouer bien serré et de jeter des KT, KJ, KQ ou même AT et AJ en première position. Cela veut dire également que si je mise avec AJ et que je suis égalisé par un joueur, je me considère battu pré flop. J’en conclu que le joueur qui me « call » doit égaliser avec un meilleur jeu que mon standard par rapport à ma position.
Si j’ai un tapis moyen ou petit, je mise avec QJ ou 55 si deux joueurs ont passé devant moi. Je profite tout simplement d’ouvrir le pot pour forcer mes adversaires à ne jouer que leurs meilleures mains contre moi.
Slansky va assez loin puisqu’il considère coucher AK si un joueur UTG a déjà « raisé » le pot ! Je n’irai pas jusque là mais cela vous permet de bien comprendre le concept.
3 - En quoi la structure des prix influence le jeu :
En table finale, la moindre place de gagnée implique des sommes très différentes. Slansky en « bon père de famille » préconise donc d’attendre bien sagement que les autres adversaires se tailladent entre eux avant de commencer à bouger le petit orteil.
Cela veut dire éviter les « piles ou face » (« coin flip ») et les call hasardeux quand de grosses sommes sont en jeu. Mais il précise également que quand vous décidez de miser le pot il faut y aller avec force pour vous permettre de coucher vos adversaires et de prendre les blinds.
C’est exactement les conseils que j’ai suivi au premier tournoi que j’ai gagné. J’ai commencé la table finale avec le plus petit tapis de la table. Il y avait déjà un joueur qui avait sauté avant que je ne joue ma première main : QQ pour moi contre A8 de mon adversaire. All in pré flop et je double. Puis j’ai attendu autant que possible et quand il ne restait plus que 5 joueurs j’ai envoyé encore la sauce avec TT qui double contre une plus petite paire. J’ai encore attendu puis j’ai fini premier en ayant la chance de toucher les bons jeux au bon moment. Ce qui m’a choqué c’est le fait que les joueurs, une fois qu’ils ont atteint les places payées ou la table finale, s’envoient en l’air tout seul avec des mains très moyennes. Ca vaut donc vraiment le coup de jouer super « tight » et de faire des « quitte ou double » avec ses meilleures mains.
La seule exception c’est quand j’ai un gros tapis ou que je suis chip leader. Dans ce cas j’agresse comme un chien pour voler les pots et shooter les petits tapis. Mais bon c’est une autre histoire…
4 – Maintenir les pots petits
Slansky conseille de garder les pots petits en faisant de faibles relances tout en contrôlant les côtes du pot. Ainsi les relances de vos adversaires seront plus faciles à lire et les votres plus compliquées.
Personnellement j’aime beaucoup miser souvent avec des petites relances entre 2 et 3 BB. Cela permet de gagner les blinds sans prendre trop de risques et cela permet également de forcer les adversaires à relancer fort pour savoir où ils se situent par rapport à ma main.
En clair le concept de Slansky permet de perdre uniquement des petits pots et de gagner les gros.
5- Observer la hauteur des tapis autour de soit.
Selon Slansky, il y est fondamental d’observer la hauteur des tapis adverses, car ils nous permettent d’anticiper leurs stéréotypes.
Un petit tapis aura tendance à resserrer son jeu mais à tout envoyer dès qu’il sent une occasion arriver. J’aime bien attaquer les petits et moyens tapis (dans les 9 à 12 BB) car ils vont systématiquement jeter toutes leurs mains sauf les « monster » ! Je fais par contre particulièrement attention aux tout petits tapis car ils risquent de passer du côté « désespéré » et d’envoyer leur tapis à la moindre occasion. Il ne faut donc pas attaquer un tapis trop petit avec une main qui ne supporte pas une relance. Regardez bien les joueurs à votre gauche avant d’essayer de les voler et vous pourrez sentir si les petits tapis sont prêts à tout envoyer.
Les tapis moyens (15 à 20 BB) auront également tendance à resserrer leur jeu, c’est la cible idéale pour les vols. Il est également possible de les « out player » au flop. Leur tapis moyen limite leur champ d’action, alors même qu’ils ne sont pas encore en danger. Il n’y a donc pas intérêt à un tapis moyen de prendre des risques alors qu’ils ne sont pas encore en danger.
Les gros tapis à l’inverse des autres auront tendance à relâcher leurs standards préflop et à essayer de nous « out player » au flop. Ils auront donc plus tendance à payer nos relances, il faut donc des mains solides avant de les titiller un peu ! A l’inverse ils vont plus essayer de voler, il faut donc relâcher un peu nos standards quand ils ont déjà ouvert le pot. Mais attention, c’est toujours très dangereux de se frotter aux gros tapis !
En conclusion,
Slansky apporte des concepts simples, faciles à mettre en œuvre et très efficaces. Dès que je suis un peu perdu dans mon jeu de poker de tournois, je reviens aux bonnes vielles bases de Slansky et c’est sans doute le style le plus efficace pour entrer dans les places payées. Bonne chance à vous !
Fred D
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1 commentaire:
Voilà donc la clé que je cherchais.
L'application de la gestion de son tapis en table finale... est un concept simple que je mets en oeuvre mais qui pourtant ne m'a pas encore fait gagner le moindre tournoi. Pourquoi? En fait tout réside dans la constance et la persistance de cette mise en oeuvre.
Hors j'ai tendance à l'appliquer en début de table finale et puis d'un coup m'enflammer au moindre coup gagné (le sournois "ontilt" qui nous guette et nous ennivre au moindre relachement! ...tu ne me le referas plus vieux!... cette fois c'est moi qui prend le dessus).
Un très bon résumé du gap concept qui vient de remettre les pendules à l'heure.
Une révélation? Non! pas tout à fait.
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