février 23, 2006

Article #1 - Les conceptes clés des tournois de THNL

Le poker repose (selon moi) sur 3 concepts clés :
1 - Jouer un style avec lequel on se sent à son aise.
2 - Dominer l'adversaire.
3 - Décevoir l'adversaire.

1 - Jouer un style avec lequel on se sent à son aise.


Il y a deux styles de jeu en tournois de THNL qui sont très efficaces :
a) le style serrure d'acier à la John Juanda
b) le style loose déglingo à la Gus Hansen

L'idée est de trouver son style qui nous permette d'être à l'aise (notamment en live ou le stress est plus important encore qu'on-line).

Je conseille au débutant de commencer par le style serrure plus facile à appliquer.
En quoi consiste t'il :
Il s'agit de ne jouer que les meilleures mains et de respecter au maximum la position. Concrètement cela se traduit par miser autour de 4 BB pré flop avec de bonnes mains. Par bonnes mains j’entends AQ minimum UTG et pas moins de AJ en middle et AT au bouton. Cela seulement qd le pot n'a pas encore été ouvert. Les critères doivent se resserrer encore plus si le pot a déjà été ouvert.
Ensuite il s'agit de jouer de manière assez binaire : Raise ou Fold. Eviter au maximum les call. En d'autre terme soit on se voit devant et on mise. Soit on se voit derrière et on fold. Il faut bcp de rigueur pour appliquer ce concept durant un tournois tout entier. Pourtant il est terriblement efficace. Et un joueur débutant peut gagner un tournois en appliquant juste ses qlq règles.
En appliquant se principe. Les adversaires vont se mettre à respecter vos relances et à éviter les confrontations marginales avec vous. Résultat vous savez que si q vous call = WARNING. Votre jeu deviendra de plus en plus facile au fur et à mesure du tournoi.
Inconvénient : Il faut énormément de patience et de sang froid pour ne pas paniquer avec l'augmentation des blinds. Souvenez vous qu'il est tjs possible de revenir dans un tournois avec 1 malheureux petit jeton. J'en ai fait l'expérience comme bcp d'autre au club poker. Autre inconvénient les vieux lascars vont attaquer vos blinds. Laisser les faire !!!! Ce n'est pas votre stratégie.

Pour les stats il m'arrive de jouer moins de 11% de mains sur un tournois en mode serrure (avec 8% de de flop vu en dehors des blinds).


B) Le mode loose déglingo
L’objectif est je voir un max de flop et de jouer la lecture de l'adversaire, la position, et la profondeur du tapis. Ce style est bien plus technique. Il faut aussi avoir le coeur bien accrocher et encaisser les swings. Pour toutes ces raisons ce style ne peut pas être supporté par tous les joueurs. Il faut une petite dose de folie ou d'inconscience pour pouvoir le pratiquer.
Cela se traduit par reraiser avec des mains comme paire de 4 en position ou 67s.
Envoyer son tapis au moindre signe de faiblesse de l'adversaire sur une river dangereuse...
Bref prendre des risques. L'objectif étant de monter son tapis pour ensuite pourvoir gambler un peu avec les short stacks. Ce style fonctionne si l'on arrive à se maintenir tjs au dessus de la moyenne en jeton. La difficulté est de savoir calmer le jeu et ne pas s'enflammer.

L'avantage est qu'il permet de mieux lire l'adversaire qui finira pas être docile :)
Au bout d'un moment vos adversaires vont vous laisser votre gros blind de peur de votre réaction + ils seront habitués à folder sous vos relances + ils vous attendront avec leurs meilleures mains. Donc à la moindre réaction de leur part vous savez à quoi vous attendre et donc vous pouvez vous adapter.
Enfin ce style à l'avantage de vous faire payer vos meilleures mains car plus personne ne vous croira !!!

Encore une fois il faut bcp de sang froid et une bonne lecture adverse ce qui demande de l'expérience.

Pour les stats cela se traduit par 25% de flop vu.

Ces deux styles sont très opposés mais j'ai tendance à croire que la solution passe par le fait de bien se connaitre et de jouer son style à fond.
A vous de choisir avec lequel vous avez le plus de plaisir et vous vous sentez le plus à l'aise.

2 - La notion de domination.

La domination est fondamentale au poker cela consiste à laisser 3 outs maximum à l'adversaire. Par exemple on domine sont adversaire en ayant AK contre AQ.
Tout le concept repose sur l'idée qu'il ne faut pas chasser les jeux adverses que vous pouvez battre pour ne vous retrouver que contre les jeux qui vous battent.

Cas pratique : vous êtes UTG et vous possédez AJo (vous vous dites pas mal comme main de départ) mais en même temps cette main est vulnérable et il reste pas mal de joueur à parler derrière vous. Donc vous miser 5 BB comme ça les autres se coucheront...
Le problème c'est que si vous êtes caller vous etes normalement battu.
Donc vous n'avez rien à gagner en dehors des blinds.

Tout le jeu consiste donc à miser suffisamment pour ne pas faire fuir les jeux que vous dominer.

Pour cela il faut maîtriser les subtilités des différentes mains et savoir combien miser pour dominer l'adversaire.

Par exemple cela peut valoir le coup de caller un léger raise avec AQ ou de limper avec KQ plutôt que de relancer.

Faite attention à présent aux jeux de vos adversaire qd vous raiser pour voir si vous êtes dominé ou si vous dominer l'autre.


3 - La déception

La déception consiste à développer une image et jouer à l'opposé.
Si vous être une vielle serrure, cela vaut le coup de relancer utg de 3 BB avec 67s.
Soit vous volerez les blinds avec une main marginale, soit vous savez que votre adversaire à une bonne main et vous pouvez le surprendre en touchant votre flop.

Il faut varier son jeu une fois l'image bien établie à la table. On peut appeler cela changer de rythme également.

Décevoir l'adversaire c'est également ne pas faire de continuation bet de temps en temps ou changer ses habitudes de mises. Il faut varier son jeu sans que l'adversaire ne s'en rende compte.

Conclusion

En choisissant votre style naturel vous allez créer une image à la table. Cette image va vous suivre et vos adversaires vont s'adapter à votre style. A partir de la vous devez changer de rythme et les décevoir. C'est ainsi que vous gagnerez de gros pot ce qui vous permettra de gagner du temps dans le tournoi.
Enfin chercher à dominer vos adversaires dans votre façon de miser en fonction de vos mains et de vos positions.

Bonne chance.

A bientôt
FRED D

9 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est une bonne idée, cette série.

Merci

Anonyme a dit…

Merci article très intéressant et très bon blog btw.

A quand un bon livre de stratégie en français signé LCF?? :)

Anonyme a dit…

Salut,

Trés bon article.

Anonyme a dit…

Bravo, le style est plaisant à lire.

Je me rejouis de lire la suite.

Anonyme a dit…

Intéressant article Fred, bravo !

Je rajouterai qu'il n'y a pas vraiment de "style" gagnant au poker. Il faut être dans son jeu ce qu'on est dans la vie. Ca sert à rien de s'inventer une image, il faut la peaufiner. Pareil pour le style, il faut l'adapter à son comportement, son humeur du jour.

Un jour on joue au feeling car on se sent bien, un autre on joue plus les cartes, le poker dépend de tellement d'éléments extérieurs qu'il est difficile de s'enfermer dans un seul et même style.

Fred D a dit…

C'est très vrai fougan,

et c'est d'autant plus vrai que l'on a de l'expérience et du talent.

Par contre, un débutant à tout intérêt à bien maitriser un style qui lui est propre, pour mieux comprendre les réactions (stéréotypées) en face.

Ensuite cela dépend également des cartes qui tombent le jour J comme le dit si bien Dan Harrington.

Gab a dit…

Très intéressant.

Pour ma part, je suis adepte du mode serrure (certains tournois je vois moins de 10% de flops) avec tout de même une précision. Quand tu joues très serré, tu dois d'autant plus savoir t'adapter à la montée des blindes.

Il y a quelques mois encore, je jouais serrure tout au lond de mes tournois. Arrivé à des blindes importantes par rapport à mon tapis, je ne changeais as de tactique. Résultat, les blindes bouffaient mon tapis et quand je finissais par trouver une grosse main, j'étais tellement faible en tapis que je me faisais caller par plusieurs gros tapis et perdais, ou si je gagnais le coup, restais de toute facon mal en point.

Désormais, je désserre mon jeu en fontion de mon tapis et des blindes, en gros en suivant les conseil de Harington II, plus quelques règles "maison"...

Et puis j'ai beaucoup moins de regret à être sorti avec AT en étant parti à tapis preflop parce que je sais que c'était le moment de le faire, plutôt que d'attendre frileusement une bonne main qui viendra trop tard pour me tirer d'affaire.

Et si vous jouez sur PS, je vous invite à suivre un tournoi de JohnnyBax. Je suis un fan de sa façon de jouer quand il approche d'une zone shorstack!

Fred D a dit…

Que du vrai ce que tu dis gab,
je vais écrire plus la dessus dans les prochains article :
- slansky
- ajout de dan.

Nottamment par rapport à la règle du M et Q

Anonyme a dit…

Tant pis si ce commentaire me fait passer pour un Maitre Cappello, mais je trouve dommage d'utiliser le mot "déception" qui est un faux-ami en anglais. Je saisis ce que tu veux dire car je connais le mot anglais, mais il est euh... trompeur en francais. Pourquoi ne pas utiliser plutôt le terme "supercherie" qui je trouve décris bien le concept, y compris jusque dans le côté amusant qu'il y a à la réussir...

Signé EmmanuelFr sur le Club Poker